PETRA, comme Prospective Énergétique Territoires Ruraux Ardéchois
PETRA, c’est :
– un accompagnement original et innovant des territoires ruraux dans leurs politiques énergétiques, porté conjointement par Polénergie et le Cermosem,
– une réflexion prospective associée à la mise en œuvre concrète de scénarios construits localement.
Préambule
La gestion de la problématique énergétique apparaît aujourd’hui comme un enjeu partagé. Les territoires, aux différentes échelles, cherchent à agir pour accompagner au mieux les changements en cours. Mais dans un contexte difficile et incertain, les territoires ruraux apparaissent plus encore en difficulté. En effet, si de nombreuses politiques publiques sont relativement maitrisées en milieu urbain (transport, habitat, …), les spécificités de la ruralité changent le cadre et accroissent les problèmes. La question qui se pose aux territoires est donc d’imaginer ce que pourra être dans ce contexte énergétique flou la ruralité, et pouvoir par là in fine gouverner.
La prospective énergétique mise en place dans le projet PETRA vise à évaluer l’apport d’une réflexion sur le long terme pour se projeter dans l’action ici et maintenant. L’ambition de cette démarche de recherche-action, mobilisant conjointement le Cermosem, antenne de l’Université de Grenoble en Ardèche et l’association Polénergie est d’expérimenter cette démarche avec les territoires ruraux. La méthodologie mise en place a permis de construire une prospective énergétique collaborative, construite à dire d’acteurs. Cette approche permet d’engager directement le territoire dans la réflexion et de favoriser l’appropriation des enjeux au niveau local, en questionnant notamment leur transversalité.
Ce projet est réalisé grâce à un financement de la Région Rhône-Alpes, dans le cadre de l’appel à projet Université citoyenne et solidaire. Trois communautés de communes ardéchoises sont partenaires du projet, Berg et Coiron, Pays de Beaume-Drobie et Pays de Vernoux.
Pour les territoires, la question énergétique apparaît problématique et encore très confuse. Sa transversalité et son incertitude freine l’action politique. Pour autant, les acteurs politiques ont conscience de la nécessité d’intégrer cette dimension dans la définition de leurs stratégies politiques. La méthodologie mise en œuvre cherche à travailler avec l’incertitude et à favoriser l’appropriation de ces questions par l’ensemble des parties prenantes.
La construction des scénarios
La démarche engagée a cherché à produire des figures différenciées de futurs possibles.
La méthodologie utilisée est une adaptation de celle utilisée dans le projet « Territoires 2040 » engagé par la DATAR (M. Vanier). Il s’agit de construire des scénarios en travaillant « à dire d’acteurs ». Ce travail a été réalisé avec un groupe constitué pour l’occasion, qui regroupait des acteurs des territoires concernés par la démarche. Il a alterné deux types de travaux : la contribution des personnes engagées en séance et la reformulation / synthèse entre les temps de regroupement.
La prospective a été organisée autour de trois réunions de travail sur le territoire durant lesquelles les participants ont été amenés à énoncer des idées personnelles. L’objectif de cette approche est de favoriser la créativité et l’accumulation. Aussi, il leur a été demandé de ne pas les justifier. La prise de note a été réalisée en direct et de manière visible et donnait le rythme des énonciations. Trois temps ont été engagés : le premier visait à énoncer des éléments d’état des lieux contemporains. Son objectif a été de définir les problématiques et les enjeux actuels de la question énergétique pour les territoires ruraux. Le deuxième a permis de repartir des enjeux identifiés et d’envisager leurs conséquences à 20 ans. Enfin, des visions d’avenir ont été proposées à partir de ces conséquences et ont été enrichies lors de la troisième séance par la définition des conditions de leur émergence.
Lors du 1er Temps permettant d’identifier les problématiques, il a été proposé aux participants d’énoncer à partir de quatre thèmes (déclinés autour de la question énergétique : Habiter ; Produire ; Se nourrir / se soigner ; S’épanouir) des phrases construites sous la forme : « En Ardèche, + verbe au présent ». La réunion a permis de recueillir 351 constats. Le travail de synthèse a permis de les regrouper en 7 enjeux : mobilité, vivabilité, efficacité, autonomie, solidarité, adaptabilité, qualité.
Lors du 2ème Temps permettant d’identifier les conséquences possibles de ces enjeux à 30 ans, les participants ont énoncé sur le modèle de phrase « En Ardèche, + verbe au futur » 391 propositions. Celles-ci ont permis de proposer 9 conséquences pouvant potentiellement qualifier l’Ardèche dans 30 ans : connectée, dégradée, écologisée, marginalisée, régulée, relocalisée, technologisée, valorisée, créative. A partir de ces qualifications des futurs possibles 5 figures d’avenir ont été construites.
Lors du 3ème Temps ces figures ont été enrichies au travers de l’identification des processus permettant de les voir se réaliser. De là, les scénarios ont pu être finalisés. Ils représentent des horizons que les acteurs des territoires estiment comme possibles.