D’où vient ce prix ?
Le prix d’une tonne de granulés est divisé en 3 composantes :
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la matière première ;
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la fabrication ;
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la livraison-distribution.
La part que représente chacune de ces composantes est très variable selon que le granulateur est :
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une entreprise créée de toute pièce,
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un scieur ou
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un ancien granulateur de luzerne.
La matière première
Le coût de la matière première varie en fonction du marché des connexes bois. La sciure représente environ 55 % de la matière première utilisée pour la fabrication de granulés. Elle est aussi utilisée dans la fabrication de papier ou de panneaux de particules. Lorsque la demande en sciure augmente, le coût de la sciure augmente. Alors que la production de sciure n’augmente pas forcément ! En effet, la sciure est un connexe de scierie dont le volume de production est directement liée à la transformation de bois.
Le volume de bois scié reste assez stable depuis 10 ans alors que la production de granulé augmente chaque année.
L’approvisionnement se diversifie, avec l’utilisation de plaquettes de scierie (environ 40%) et de rondins de bois d’éclaircie (environ 5%). Ceux-ci influent sur le prix du granulé car ils ajoutent une étape à la fabrication.
Les retours de terrain montrent que le bois vient en général d’un rayon de 150 km autour de l’entreprise de granulation.
La fabrication
La fabrication du granulé nécessite une chaîne de production constituée de plusieurs étapes.
La sciure ou la plaquette sont criblées et broyées avec un affineur pour être amenées à la bonne granulométrie. Elles sont ensuite séchées avec contrôle du degré hygrométrique, c’est-à-dire de l’humidité. L’énergie nécessaire au séchage est souvent fourni par la sciure elle-même ou d’autres combustible biomasse (plaquette, écorce,…). La sciure est ensuite pressée dans une presse spécialement conçue à cet effet. Elle forme ces petits cylindres de bois sans aucun liant ou adjuvant. La lignine et les résines contenues naturellement dans le bois en assurent la cohérence. Échauffé par l’action de la presse (80 à 100°C), le granulé est refroidi.
Puis tamisé pour en extraire toutes les poussières. Les granulés sont enfin conditionnés en sacs ou en vrac dans un silo ou des big bag.
La livraison distribution
Les sacs sont transportés en palettes. Le vrac est distribué par un camion souffleur dédié, pourvu d’un aspirateur de poussières. Ce camion est, dans la plupart des cas, compartimenté ou équipé d’une pesée embarquée. Le prix de la distribution est directement lié :
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au prix du carburant ;
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à l’amortissement des camions et
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au coût du personnel (chauffeur et gestion commerciale).
Le granulé est-il cher ?
Le coût du granulé augmente. Les autres énergies augmentent aussi, mais ces hausses de coût ne sont pas de même nature.
Source : Indices des prix – Propellet. Propellet utilise les prix fournis par la SOeS (Service de l’Observation et des Statistiques du Ministère du Développement Durable) via la base de données Pégase.
Le granulé, bien que plus cher que les autres combustibles bois (plaquette et bûche), reste largement moins cher que le gaz propane ou l’électricité et moins cher que le fioul ou le gaz naturel.
Pourquoi le prix du granulé augmente ?
Une filière encore jeune
Le démarrage de la filière imposa un prix bas pour récupérer des parts de marché sur les énergies déjà en place.
Le prix de la matière première était beaucoup plus avantageux, car la sciure était considérée comme un déchet.
La filière était encore artisanale. Les entreprises n’avaient pas encore investi dans la qualité.
1 million de tonnes de granulés produit pour 1 million de tonnes de granulés consommés
Augmenter les capacités de production représente un investissement financier. La production française de granulé est passée de 15000 tonnes en 2002 à plus d’1 million de tonnes en 2014 ! Et la consommation française de granulés en 2014 est estimée à plus d’1 millions de tonnes. La filière granulés française se développe sur un modèle d’auto-suffisance. Le marché a pour spécificité de s’autoréguler avec une croissance parallèle entre l’offre et la demande, et reste légèrement exportateur principalement vers l’Italie.
Une importation à la marge
L’hiver particulièrement long de 2012-2013, les producteurs français se sont retrouvés en rupture de stock. En provenance de l’Union Européenne, de l’Amérique du Nord et de la Russie, cette importation se veut ponctuelle et de faible quantité. Elle permet de réguler le marché.
Reste que le granulé, même en provenance du Canada, émet 5 fois moins de CO2 que le gaz.
La France est un grand pays forestier. La ressource en bois est présente. Sa transformation en granulé est créatrice d’emplois locaux. C’est bien dans cette démarche que la filière française de granulé se développe.
Suite à cet épisode, les producteurs français améliorent leur disponibilité en stock. Encore une fois, ceci à un coût (Enjeux de l’import et de l’export dans le monde. La lettre de Propellet n°7).
Un granulé de qualité
La qualité du granulé s’est améliorée avec les certifications DINplus, ENplus, NF Biocombustible (Fiche Pro pellet Pro 1 Certifications). Aujourd’hui, plus de 95% de la production de granulé français est certifiée. Très peu de distributeurs le sont. Ces certifications ont un coût :
- audits, tests et droits d’utilisation des marques,
- d’investissement pour répondre aux critères de qualité,
qui se répercute sur le prix de vente.
Certains producteurs ont aussi amélioré leur service en adhérant à Chaleur Bois Qualité Plus.
La qualité de la livraison s’est améliorée avec l’utilisation de camions à pesée embarquée et aspiration des poussières. Ces matériels ont un coût (180 000 € l’unité).
Les hausses de TVA
Après une hausse de TVA de 1,5 % non répercutée en 2012, une nouvelle de 3 % est intervenue au 1er janvier 2014.
Et demain ?
Voici quelques éléments qui devraient faire varier le prix du granulé dans les années à venir.
- Les tensions sur le marché des connexes de bois, entre papetiers, panneautiers et granulateurs restent d’actualité.
- La filière innove. Des granulés a base de feuillus voit le jour. Ils obtiennent les mêmes certifications que les granulés de résineux. La forêt française est composée de 2/3 de feuillus. C’est une nouvelle ressource de taille qui s’ouvre.
- Les producteurs ont encore la possibilité d’augmenter les capacités de production sans investir.
- La contribution « climat énergie » n’impacte pas le granulé à la différence du gaz de ville et du fioul. Cette contribution sera proportionnelle aux émissions de CO2 des énergies fossiles :
- 7€HT/T CO2 en 2014,
- 14,5€ HT/T CO2 en 2015 et
- 22€ HT/T CO2 en 2016.
Pour une maison chauffée par 2000L de fuel/an, la contribution énergie climat sera de 205€ en 2016.
- Le granulé de bois reste une énergie écologique, performante et économique. 1 million de tonnes de granulés consommé c’est 500 millions de litres de fioul non importé. Le granulé français émet 10 fois moins de CO2 que le gaz. Il crée des emplois localement.